Ly Lan

Au lycée, elle a eu des problèmes avec un garçon. Il voulait sortir avec elle, et il la poursuivait. Sans arrêt devant elle. Ly Lan était partagée entre un agacement sincère et le trouble des amours buissonnières, lorsque sur un sentier poursuivie par un garçon pas trop brutal, on peut toujours s’esquiver à la dernière minute, tout en laissant le corps frôler, les mains se tendre. Bull-Gom l’a finalement embrassée de force juste devant les toilettes, devant tous ses potes et leurs nanas qui regardaient en riant, parce que la Vengeance est une fête collective, tandis qu’elle se débattait, et Bull-Gom n’est pas parvenu à enfoncer sa langue. Quand il l’a lâchée, elle s’est esquivée, elle avait la poitrine qui tapait et tapait et le sein droit qui tirait là où Bull-Gom s’était accroché, et elle sentait la racine à son cou qui brûlait comme une cigarette, et elle lui a dit : Attends-moi ce soir, devant le gymnase, après le cours de danse, j’aurais quelque chose pour toi.

Quand elle est sortie du gymnase, toute mimi dans sa robe-chemise en wax, avec ses longs bas blancs ajourés en coton, Bull-Gom s’est juste avancé vers elle, un sourire de squale aux lèvres et craquant les doigts de bonheur. Tu fais quoi ? a énoncé Saï dans son dos. Et Bull-Gom s’est retourné. En quelques secondes, il a enfin compris quelle était la nature du problème, et que Ly Lan ne l’embrassait pas parce qu’il y avait un genre de grand-frère envahissant. Le genre pot-de-colle qui ne comprend pas que la maternelle est finie. Bull-Gom a replongé dans la perspective offerte par les jambes élégantes de Ly Lan, et songé au coton sur ses paumes, lorsque les mains remontent, et les sensations de la chair qui ne traversent pas complètement, et qu’il faut saisir et presser pour les faire sourdre. Bull-Gom était venu pour l’embrasser ce soir, sans témoin, un peu à fond, et en définitive il allait peut-être la pointer, et vu comme elle s’était habillée pour l’occasion, ils allaient y passer un moment, est-ce qu’elle avait son coin pour ça ? Dans les bois, si proches des Pigeonniers ? Bull-Gom avait une vraie bonne gaule réjouissante, prometteuse et stimulante, lorsqu’il a tourné son mètre quatre-vingt-cinq vers Saï. Tu le connais ? a demandé Saï. Il embête des fois. Pourquoi tu me l’as pas dit ? Un type comme ça c’est pas la peine déranger. Dis-moi quand il y a un problème, a conclu Saï, dis-moi, dès le début. Et Saï a passé autour des épaules de Ly Lan le bras qu’il n’avait pas utilisé, tandis que son poing américain dégouttait le long du trottoir, à intervalles réguliers, par gouttes épaisses, le sang du visage enfoncé de Bull-Gom qui gémissait entre deux voitures. La mâchoire ne s’est jamais bien remise, et Bull-Gom n’a jamais plus parlé comme avant.


rebondir : Angela, Bach Mai, Budda, Bull-Gom, Charles, Chichi Valium, Craps, la Doublure, DoBoï, GTA, Jizz, Kali Cola, Litchi, Lopo, M, mère de Bach Mai et Ly Lan, Ninja Steve, Popie, Saï, Schumi, Trish