Le premier mois, il s’est demandé si c’était possible de retourner en préfecture dire qu’il avait perdu son titre de séjour. Il a pensé : je dirai qu’on me l’a volé, ça fait plus sérieux. Mais à cette époque-là, le gouvernement en France ne donnait pas tellement l’impression que tu pouvais te pointer à une préfecture, sans papier, et expliquer que le droit était de ton côté. À cette époque-là, le droit était un tueur à gages avec un bandeau sur l’œil, il avait l’uniforme, les épaulettes, les Rangers et tout, comme les vrais soldats, il était payé pour te planter un crochet dans le dos si tu baissais la garde, attacher le crochet à une chaîne et la chaîne au fond d’une cale.
Alors il est resté sans papier sur lui, à calculer les endroits où il pouvait passer sans jamais rencontrer un policier.
Et comme il ne travaillait toujours pas, ça n’a pas été si difficile à arranger.
C’était l’époque où la politique sociale, en France, était un ancien légionnaire recruté par Blackwater.
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