Le Cheikh


Cheikh, à cause de Chec. Chec, à cause de Chet-Cro. Chet-Cro, à cause de Crochet. Crochet, à cause du moignon, le moignon à cause d’une poliomyélite dans l’enfance.
Ils variaient, trois, quatre, cinq, selon que la période était plus ou moins faste. Ils avaient même eu une fille à plein temps dans la bande, un moment. Surnommée l’Éborgnée. Alors qu’elle n’était peut-être même pas myope ; juste pour l’apparier avec Crochet. Elle était aussi connue pour son arme spéciale. Une seringue, qu’elle plaçait où elle pouvait, ras la gueule, sur une main, ce qu’elle attrapait, et elle sifflait :
« Je te nique ta life, bâtard ? »

Et puis finalement, deux en prison, deux portés disparus, le Cheikh découvert en position fœtale fatale sur une banquette arrière, pourri de huit jours, la bande du Cheikh est passée du régime des réalités attristantes à celui des locutions proverbiales.

Le Cheikh a eu l’âge de Turin, et fut un des Qaïds. M et Wattmille se sont associés pour le défoncer, avec succès, assurant la rapide relève des générations.
Dans les Cités, les carrières sont aussi rapides que pour les sportifs : en moins de dix ans tu es grillé.


Rebondir : Birsken, M, Mataf, Turin, Wattmille