Le Bourdon

Les bites pendent mollement entre leur double muraille de cuisses. Flasques, elles se laissent savonner. Les testicules bougons roupillent. Mornes au-dessus de la cuvette, elles visent la mare saumâtre d’un jet courbe et fumeux. Elles retombent au fond de caleçons à carreaux pas très propres, qu’elles empuantiront d’odeurs acides d’entre-jambe. Elles se tordent ou se recroquevillent. Elles se font l’impression de nougats abandonnés sur la banquette arrière un jour de printemps. Elles sont moites, elles collent. Elles sont sources de l’humanité alors qu’elles se sentent plus d’affinités avec leurs compères anus et leurs productions quotidiennes.

Est-ce que les bites sont prises d’angoisse existentielle à un moment de la journée, justifiant qu’elles durcissent, jaculation inquiète de la responsabilité face à la liberté de la vidange ? Est-ce que les bites pleurent de honte certaines nuits, après leur craché de grumeaux, déplorant : Qu’ai-je fait, ô, qu’ai-je fait ? A-t-on vu quelque fois l’une d’elles, penchée sur son ADN, recomptant ses chromosomes dans le Grand livre de la Vie, et décidant sévèrement : je vais m’auto-réséquer ? Lorsqu’il tape sur la sienne, qui reste avachie, et la tire, et la griffe, lorsqu’il la fouette pour la relever, et qu’elle reste prostrée, entend-il son message : Ce n’est en rien de l’impuissance, c’est un seppuku de vieux samouraï qui ne veut plus lutter, pas à ce prix, pas pour reproduire à l’infini les mêmes guerres ineptes.
sur l’évier d’émail blanc
    un roseau rompu
tout mou, le gland gît dans l’eau

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