Les parents ne lisent pas la presse, ils la scrutent. Étude précise et détaillée des modèles. Il est possible de sauver ses enfants. Ce n’est pas autour de soi qu’il faut regarder pour s’en sortir. Il faut regarder ceux qui s’en sortent vraiment.
Idéalement, tirer des agrandissements géants et recouvrir les murs des chambres.
À défaut, ils commencent par peinturlurer les mômes de petits nœuds, robes, jupettes, vernis, socquettes. Couche après couche. Les petites naissent princesses, et après quelques années d’éducation, leurs parents ont réussi à reconstituer l’emballage complet. Boîte rose, film transparent.
Sous la petite robe à bretelles, la culotte à dentelle.
Ensuite, il y a un moment curieux, dans l’adolescence, où les filles prennent le relais. C’est un grand moment de déprime pour les parents. Ils fabriquaient des poupées, et, sous les jupons : l’épilation maillot. Avec les conséquences assumées. La petiote bossera comme photocopipeuse dans une boîte quelconque : pub, communication, comptabilité, cabinet d’avocats, boîte d’intérim. Bonne adaptabilité, gloss fushia.
Alors que c’était pas ça du tout l’idée des parents. C’était vendre, intacte, jamais utilisée, la princesse Barbie à Ken le playboy, ils furent très heureux, et ils eurent un nombre d’enfants raisonnable que papy et mamie avaient plaisir à garder et transformer eux aussi en jouets sociaux.
Transformer les enfants en petite machine de séduction, dans l’esprit des parents, ça n’a jamais été pour qu’elles se fassent trouer la rondelle à 18 heures par leur N+1. Du tout. On restait dans l’image : classe, glamour, magazine. Propre.
Et puis un jour, à 14 ans, un anneau dans la narine droite, elle balance une boîte de capotes dans le caddie, entre deux paquets de nouille et un flacon 1,5 L de liquide-vaisselle.
— Ben, c’est quoi ton problème, encore ? Tu préfères que je sois enceinte ?
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